Le cousin du roi du Maroc, 3e dans l’ordre de succession au trône, va publier en avril un livre sur les coulisses de la monarchie. Potentiellement explosif.
Moulay Icham (ABDELHAK SENNA / AFP)
En 2006, le prince Moulay Hicham, cousin du
roi du Maroc, subit un quintuple pontage. Pendant sa convalescence, il
essaye de convoquer ses souvenirs qui parfois lui échappent. Des pans
entiers de son enfance incroyable et tragique qui lui reviennent alors
en mémoire. Il décide donc de commencer à écrire le livre auquel sa
pudeur lui avait jusque-là fait renoncer. Sept ans plus tard, le livre
est fini. Baptisé “Journal d’un prince banni”, il sortira aux Editions Grasset début
avril. Pour la première fois, un prince alaouite, troisième prétendant à
la succession du trône, raconte l’envers du décor des despotismes
orientaux. Les arcanes du sérail, les complots de la cour. Il dresse le
portrait de chacun des membres de la famille royale. De Hassan 2,
despote pervers et génial, qui voulait “pendre ses ennemis par les cils de ses yeux”, jusqu’à l’actuel roi qui exerce son métier à contre cœur.
Mais ce livre de souvenirs est aussi
(surtout ?) un livre politique. Moulay Hicham y décrit ce jour où
quelques temps après la mort de son oncle Hassan 2, son cousin le roi
lui signifie son bannissement du Palais où il a pourtant toujours vécu.
Depuis, celui qu’on a surnommé “le prince rouge” parce qu’il a toujours
milité en faveur d’une démocratisation du régime politique marocain, est
en délicatesse avec Mohamed VI. Récemment, le soutien qu’il a apporté
au mouvement du 20 février, et à plusieurs journalistes en rupture de
ban avec le régime, a encore tendu, si c’était possible, ses relations
avec le roi et son entourage.
Epargné par la vague révolutionnaire
Le prince vit désormais aux Etats-Unis, où
il a créé une fondation pour la réforme politique dans le monde arabe à
l’université de Stanford. Dans son livre, il analyse le système
politique marocain et les rapports qu’entretient le palais avec les
militaires. Il va même jusqu’à envisager l’établissement d’une
république, un mot tabou au Maroc,
un des rares pays arabes qui n’a pas encore vraiment été touché par la
vague révolutionnaire qui a gagné la région depuis la chute de Ben Ali
en Tunisie.
Dans un pays où tout procède de la
monarchie, il est assez logique finalement que son opposant le plus
virulent vienne de son sein. On attend avec impatience de lire ces 380
pages de révélations, qui n’apaiseront sans doute pas les tensions
familiales, et dont l’auteur envisage peut être une suite.
Ei kommentteja:
Lähetä kommentti